Bien arrivée en Égypte.
Une pemière nuit à Dahab pas des plus paisible. La découverte d’un nouveau logement dans lequel je ne me suis pas sentie chez moi, la forte pollution sonore venant de chez les voisins et l’enchantement éprouvé lors de mon premier séjour pas tout à fait au rendez-vous, m’ont fait prendre conscience que les choses n’allaient pas être aussi évidentes que pour la première fois… L’ensemble de ces déconvenues, additionnées au voyage, se conclua par un énorme coup de blues !
Il faut dire que j’avais un bon stock d’émotions à évacuer : dans la nuit du 30 janvier, Larwin, le bateau sur lequel j’aurais du passer 2 mois et traverser le Pacifique, a percuté un OFNI provoquant une voie d’eau que l’équipage – qui, Dieu merci, est sain et sauf – n’a pas pu contenir. Le voilier est à présent une épave, au large du Belize, en mer des Caraïbes.
Même si je n’avais pas pris cette décision de me retirer de l’expédition, je n’aurais de toute façon pas été présente à bord au moment du naufrage. Pourtant, j’ai été profondément bouleversée par ce qui est arrivé. Est-ce du à la violente confirmation de l’intuition qui me poussa à renoncer au voyage ? Est-ce le fait de voir un si beau projet de vie, la concrétisation du rêve d’une vie non-conformiste et courageuse, couler au fond de l’océan ? Est-ce le contrecoup de n’avoir pas pu vivre l’accident avec un équipage que j’avais contribué à former ? Ma réaction – l’état de choc dans lequel je suis restée plongée une douzaine d’heures – reste pour l’instant un point d’interrogation.
Il s’est passé quelque chose de grave et je n’y étais pas, j’ai manqué l’occasion d’apprendre de cet accident ! Cet événement marquant ne castre pas mes envies d’une vie parfumée d’aventures. Il vient néanmoins me prévenir que, pour une existance intensément vécue, il y a un prix à payer, celui du risque. Il faudra parfois accepter de perdre. Il y aura, d’autres fois, la fierté d’avoir gagné. Mais dans chacune de ces situations, celui qui aura pris le risque de se réaliser en sortira différent, se donnant dès lors une chance en plus, non négligeable, de grandir.