Aujourd’hui, je n’ai pas envie de me lever. Mais hier soir, déjà, je ne voulais pas me coucher… Il était tard quand je me suis finalement forcée à aller dormir. Je luttais depuis des heures car je craignais le moment où j’allais être confrontée à mes rêves… Ou plutôt, à mes cauchemars. Mais maintenant que je suis réveillée, c’est à la réalité de la journée que je dois faire face : je suis déjà inquiète pour ce soir alors que ne nous ne sommes que le matin. J’ai peur des représailles, que les choses s’empirent et tournent mal. Je m’interroge sur ce que je risque plus sérieusement.
Est-ce qu’ils pourraient avoir envie d’aller plus loin qu’une main aux fesses ? Est-ce que s’ils me surprennent à les filmer, pour tenter de les identifier, ils voudront me voler mon smartphone ou mon sac dans les jours qui suivent ? Dans quel jeu suis-je embarquée avec eux ? Où donc cette histoire va-t-elle me mener ?
Ils ont bien cru choisir une cible facile et alléchante de surcroît. Appétissante, ils la regardent passer depuis la ruelle sombre où ils sont terrés en bande. Après avoir vérifié que la voie était libre, ils la surprennent par derrière alors qu’enchantée de sa soirée, des étoiles dans les yeux, de la musique dans les oreilles, elle rentre chez elle gaiement. Elle ne les voit pas arriver, elle ne les entend pas non plus. Ils l’atteignent trop rapidement pour qu’elle puisse ne fût-ce que comprendre ce qu’ils lui veulent. Surprise, elle leur partage quand-même son sourire, elle le fait d’ailleurs sans compter à qui veut le recevoir. Sauf qu’en conséquence, cette fois-ci, c’est une bande de dix garçons qui la suivent et l’encerclent alors qu’elle continue d’avancer. L’un d’entre eux réussit à l’attraper habilement par les hanches. Ç’en est trop ! Elle le repousse et le fusille du regard. Fier comme un paon, il lève les mains en faisant mine d’avoir compris. Mais la bande s’auto-excite mutuellement, comme des hyènes autour d’un veau isolé qui tente, du mieux qu’il peut, de retarder l’heure de l’assaut final. Heureusement, elle s’est liée d’amitié avec plusieurs personnes travaillant le long de cette promenade qu’elle emprunte si souvent. Elle trouve donc un lieu où se réfugier et une personne à qui confier sa détresse. Redynamisée par cette petite halte, elle décide de poursuivre résolument sa route tout en empruntant un autre itinéraire. Ca marche ! Ses prédateurs ont abandonné la partir de chasse.
Comme tout s’est finalement bien terminé, et qu’elle n’est pas rancunière, elle a rangé cette histoire de côté, quelque part dans sa tête. Elle l’a même carrément oublié. Pourtant ce soir, en sortant du même endroit, un de ces petits voyous a réitéré l’expérience. C’est le garçon qui l’avait déjà touchée hier. Apparemment, il n’en a pas eu assez. Il est arrivé discrètement par derrière elle, comme la fois précédente. Quand elle le vit, elle eut la ferme intention de garder son calme même si, dans sa tête, le voyant rouge s’est allumé ! Elle lui dit bonjour, poliment, avant de se retourner pour continuer sa route, le laissant dans son dos. Et là, subtilement, il lui mit la main aux fesses.
Que faire ? Ce gosse court bien plus vite qu’elle… Elle ne tente donc même pas de le poursuivre pour lui faire entendre quelques sermons. Un peu perdue, et presque bêtement, elle continue sa route, rouge de colère et de haine ! Elle n’a qu’une envie, celle d’attraper ce sale gosse, de le plaquer violemment au sol et de lui faire bouffer tout le sable qu’elle trouve à sa portée jusqu’à ce que, les joues pleines de larmes, il la supplie d’arrêter ! Mais après avoir laissé s’exprimer ses sérieuses envies de lui infliger une punition par le châtiment corporel, elle réalise que la violence ne résoudra rien et décide de se calmer.
Cette femme libre choisit de ne pas lui en vouloir. L’adolescent qu’il est, en manque repères, n’a vraisemblablement pas les parents les plus concernés pour lui apprendre les bonnes manières et le savoir vivre. Il a aussi, peut-être, lui-même enduré des comportements irrespectueux qui l’ont laissé abîmé et désorienté.
Elle ne cédera pas non plus aux angoisses de recroiser cette bande d’ados. De premier abord, la cible semblait facile pour eux mais elle ne l’est tant que ça, pour la très simple raison qu’elle a l’amour et la foi en elle. Comme une mère, elle va les aimer. Comme une grande sœur, elle va les guider. Comme une amie, elle va leur pardonner. Mais ce qui est certain, c’est qu’elle ne leur foutra pas la paix ! Elle est décidée à agir intelligemment dans l’intérêt de tous et de façon constructive avec l’aide de ceux qui veulent bien lui en apporter. Elle fera de cette tâche une de ses priorités jusqu’à ce qu’à nouveau, elle puisse se promener, des étoiles dans les yeux, de la musique dans les oreilles, le sourire aux lèvres, seule, dans les rues ensablées de Dahab.
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Ton avis sur cette histoire m’intéresse 🙂 Laisse-le moi en commentaire.
Merci
Merci Marine, tu es extraordinaire … Aie confiance en toi et ne laisse personne déshonorer ton Être…
Quel est le dénouement? As tu pu les confronter en douceur ?
Ta démarche est la bonne Mais parfois les réflexes sont bien trop ancrées. Si l’amour pouvait vraiment tout changer…. j’aime cette idée:)
Quelle force de prendre du recul sur la situation! J’ai vécu cette situation de la main aux fesses dans le train (par un jeune qui traînait avec sa bande) et comme toi je n’ai fait que lancer un regarder noir plein de haine à mon “agresseur” en m’en éloignant. La différence, c’est que je suis encore pleine de haine à son égard. Alors bravo pour ta bienveillance et ta prise de recul (dont je suis incapable). 👏🏼👏🏼😊
Bonjour Sarah,
Je suis certaine que tu peux en être capable aussi. Je vois ça comme ça : dans ma vie de tous les jours, je fais des erreurs et des faux pas, et j’aimerais vraiment qu’on me les pardonne car ils fond simplement partie du processus de développement d’un être humain. Et oui, on fait tous des erreurs ou des bêtises plus communément appelés pour les enfants. C’est d’ailleurs impossible (je crois) de grandir, d’évoluer sans passer par là. Je pars donc du principe qu’on a tous LE DROIT à l’erreur. De ce fait, je pardonne volontier les maladresses des autres mais c’est tout à mon avantage si tu vois ce que je veux dire 😉 Bien sûr, j’y place un cadre et des limites. Si j’estime qu’une personne de mon entourage dépasse ses limites, je n’hésite pas à prendre mes distances pour mon bien-être personnel.
Dans le cas de l’histoire, ce sont des jeunes, en pleine crise d’adolescence, et j’suis toute disposée à leur pardonner ces gestes s’ils comprennent par la suite que ce qu’ils ont fait était irrespectueux. Mes amis égyptiens m’aident bien sur ce coup là. Je ne pense pas que cette histoire va se régler du jour au lendemain, ca prendra plus de temps mais j’ai la patience nécessaire pour eux, grande idéaliste que je suis 😉
Il y a peut-être un paramètre qui fait une différence entre ton histoire et la mienne : tu ne reverra sûrement jamais ton «agresseur» alors que je suis susceptible de les croiser tous les soirs. Je ne veux pas vivre la boule au ventre alors, je dois trouver un moyen d’évacuer la peur pour qu’elle ne se cristallise pas en moi. Le pardon est ce que j’ai trouvé de mieux. Même si, dans ton cas, tu n’aura pas l’occasion de le revoir, je pense que ca peut quand-même marcher pour toi aussi, afin de te libérer de cette haine envers lui. Et ensuite, quel plaisir de se sentir plus légère ! 😀
Bonne réflexion et très belle journée à toi